De son passage dans la team de Jimi Hendrix comme roadie (et aussi dealer d’acide ont dit certains), il a eu la certitude de ne pouvoir être un guitariste. À la question : « Did you learn anything from Jimi Hendrix? », il a répondu goguenard : « Yeah, I learned to give up guitar and play bass instead ». Et il a effectivement renoncé à la six-cordes pour se retrouver bassiste, le Divin Gaucher qu’il a vécu de l’intérieur, l’ayant sûrement dégouté de virtuosité.
Sa véritable première histoire musicale fut sans doute les Beatles qu’il a toujours préférés aux Rolling Stones, même s’il n’a jamais porté leur manager dans son cœur : « Brian Epstein cleaned them up for mass consumption, but they were anything but sissies. They were from Liverpool [...] The Rolling Stones were the mummy's boys—they were all college students from the outskirts of London. The Stones made great records, but they were always shit on stage, whereas the Beatles were the gear. », ainsi s’est-il exprimé dans son livre autobiographique White Line Fever: The Autobiography.
De son passage dans Hawkwind, il a trouvé le nom de son groupe Motorhead (après avoir été tenté par Bastard, qui sonnait bien à ses oreilles, mais n’était pas porteur), qui était l’une de ses dernières compositions pour le groupe Hawkwind dans l’album Warrior on the Edge of Time de 1975. « Motorhead » était le B-side du single « Kings of Speed ». Le titre apparait toutefois sur le CD bonus de la réédition de 2013.
Lui qui disait être un chanteur de Rock’n’Roll a vécu en digne Rockstar « Sex, Drugs, Rock’n’Roll ». S’il a vilipendé l’héroïne, il a touché aux amphétamines, dont une singulière expérience qui l’aurait tenu éveillé une dizaine de jours. Il a reconnu avoir couché avec 1000 femmes… Tenait-il une comptabilité ? L’homme était un grand consommateur de bourbon : Jack Daniels N° 7…
De ses accoutrements, de sa position sur scène, de son jeu de basse atypique, de sa voix caractéristique et reconnaissable entre mille, de ses collections d’objets nazis (sans en partager l’idéologie), on passerait des heures à disserter…
Ian Fraser Kilmister était né le 24 décembre 1945. Un cancer foudroyant diagnostiqué deux jours après ses 70 ans l’a entrainé ad patres le 28 décembre 2015. Si de battre le cœur du Rock’n’Roll ne s’est pas arrêté ce jour, il a subi une inflexion. Lemmy n’était pas n’importe qui. Il était l’ambivalent As de pique qui peut imposer robustesse et pouvoir. Mais aussi « annoncer une grande tristesse » comme l’ont ressentie ceux qui l’aimaient.
« He was born to lose, he lived to win ! »
