Pêche non sélective : quand les médias banalisent le pire fléau qui menace notre océan

[andreas]

Cet article paru dans la presse locale la semaine dernière relate la capture d'un requin-taupe, espèce menacée d'extinction et strictement protégée. L'article ne précise pas si le requin était encore vivant lorsqu'il a été remonté dans le filet des pêcheurs plaisanciers, mais la sémantique ne laisse guère planer le doute sur la légèreté avec laquelle la nouvelle est considérée par la presse locale. « Une prise exceptionnelle » par « une belle journée ensoleillée », un requin qui « n'a rien à voir avec les raies attendues ».

Quelle occasion manquée pour ce média d'alerter ses lecteurs sur un enjeu fondamental : la pêche non sélective. Ces filets et lignes de pêche qui par milliers, capturent chaque jour sans distinction les espèces ciblées et les espèces protégées, à tel point qu'ils sont devenus la première cause de mortalité des oiseaux et des mammifères marins et bien sûr des requins… loin devant la pollution et le changement climatique. Une situation aussi dramatique aurait mérité un meilleur traitement.

Nous suggérons donc un article alternatif pour relater le même événement tout en remplissant le rôle qui devrait être celui des médias, informer le grand public :
Ce jeudi 13 janvier, c'est à un bien triste spectacle que les passants sur le port de Fermanville ont dû assister. Des pêcheurs plaisanciers partis en pêche avec des filets censés cibler les raies ont en effet capturé dans leur engin de pêche un imposant requin-taupe, rare représentant d'une espèce menacée d'extinction en raison de la surpêche. L'histoire ne dit pas si le requin était vivant dans le filet et si les pêcheurs ont décidé de l'achever, ce qui serait strictement interdit. L'espèce étant protégée, le requin aurait dû être rendu à l'océan.

Quoiqu'il en soit, cet individu si précieux pour son espèce a terminé à l'équarrissage. Une triste fin qui illustre un problème de fond : il ne sert à rien de protéger les espèces si leur habitat continue d'être livré aux engins de pêche non sélectifs, qu'ils soient professionnels ou comme ici, relevant de l'activité de « plaisance ».

Ce triste événement rappelle combien il est urgent de modifier la réglementation et d'imposer des méthodes de pêche plus sélectives, en particulier sur les zones où évoluent des espèces protégées. Le carnage aveugle et sans distinction que les engins de pêche infligent à la vie sauvage marine ne connaît pas d'équivalent à terre, en tous cas plus de nos jours. Et pour cause, cela provoquerait un scandale. Nous sommes en 2022, quand aurons nous la même considération pour le monde marin ?

https://actu.fr/normandie/fermanville_5 ... UlA_mdQTZQ