Pendant ce temps-là, les plus riches d'entre nous poussent la provocation au point de spéculer sur rien. Même pas du vent. Quatre bouts de scotch même pas biodégradables collés au sol autour d'une sculpture imaginaire.
Je ne citerai même pas le nom de l'artiste, à moins qu'il fasse don de la somme infâme ( presque 15 000 €) que le marchand "d'art " a perçue à une œuvre caritative.
Avec 15 000 €, on sert plus de 2500 repas (comptés à 6€, mais dans des conditions d'urgence on pourrait facilement en fabriquer plus de 8000 avec le même montant).
Avec 15 000 €, on achète 230 tentes quechua.
Avec 15 000 €, on achète un ou plusieurs petits lopins de terre qu'on peut donner ou prêter à ceux qui dépendent de leur aptitude à produire leur propre bouffe.
Avec 15 000 €, le moindre fils de connard est capable de se dire qu'il serait odieux, insultant, minable, de dépenser une telle somme pour une sculpture qui n'existe pas, n'a demandé aucun effort, tandis qu'une partie non négligeable de l'humanité lutte pour vivre, que la disparition des espèce sauvages a atteint des niveaux jamais atteints depuis que l'Homme est sur Terre, que nombre de solutions aux pires maux peinent à être appliquées fautes de moyens.
Cet artiste merdeux, ce marchand d'art cynique, cet acheteur inqualifiable sont la lie de ce que l'on pourrait nommer l'Art, le reliquat putride de ce qui a pu, un temps, faire croire que l'Humanité ne ferait que produire des objets toujours plus beaux, toujours plus utiles, atteignant des niveaux de perfection stupéfiants dans tel ou tel domaine. Les émissaires de l'assemblée nauséabonde de ceux qui font du commerce de tout, au mépris de tout ce qui n'est pas leur commerce ni leur plaisir.
J'aimerais me contenter de les mépriser aussi. Mais tout ce qu'ils m'inspirent, c'est du dégoût et de la colère.
La provocation n'est pas de l'Art. C'est de la provocation.
Et elle ne s'achète ni ne se vend.
Comme le talent, la valeur humaine ou l'intelligence.
https://www.ladepeche.fr/2021/06/07/un- ... knW2fz1X_8
