Il y aurait matière à écrire des chapitres sur le caractère grotesque et dangereux de la démonstration de force des syndicats policiers du 19 mai. Je ne dis pas "manifestation" parce que, curieusement, celle-ci n'avait pas l'encadrement habituel pour toutes les autres.
Pas de cars de CRS armés jusqu'aux dents, avec casques, LBD, jets massifs de gaz lacrymogènes, pas de nassages, pas de charges arbitraires dans la foule. "Divine" surprise.. pas un seul Black Bloc à l'Horizon souhaitant "casser du flic" mais plutôt la fine fleur de l'extrême-droite qui se balade sans masque dans une indifférence propre à l'entre-soi idéologique.
C'est à se demander si finalement, la condition essentielle pour obtenir une manifestation sans problèmes n'est pas de la débarrasser de la police. N'ayant aucun souci à gazer et charger les personnels soignants ou les lycéens, la police se montre toujours un peu plus douce et prévenante avec les potes.
Le slogan entendu cette matinée là disait que le "problème de la police c'est la justice".
S'il restait encore une classe politique digne, elle pourrait lui répondre que "le problème de la justice c'est aussi la police"... et cette fois-ci en l'appuyant sur quelques chiffres.
Le rapport annuel de l'IGPN que j'ai lu est une curiosité intéressante. C'est en effet le seul rapport qui pointe une augmentation spectaculaire d'infractions (de 1180 à 1460, soit +23%) mais qui dans le même temps voit le nombre de sanctions baisser...
Du coup, si l'IGPN est la "Justice de la Police" on a un peu l'impression d'un paradoxe que je préfère appeler "tartufferie".
Voici ce que réclament ces gens : Une justice plus dure, plus rapide pour les citoyens et une autre, plus clémente, plus "compréhensive" pour ceux qui se doivent d'être exemplaires.
Mais la tartufferie serait incomplète sans cette image de la Contrescarpe. On y voit des policier équipés de fusils-mitrailleurs avec une façon de tenir leur arme très inhabituelle et totalement inadaptée à la situation qui consiste à faire respecter un couvre-feu. Ces armes, ce doigt presque sur la gâchette et cette "assurance" je ne la vois jamais là ou les policiers disent qu'il y a un problème, sur ces fameux "territoires perdus de la République" et c'est peut-être ça finalement le malaise dans ce pays.
Celui de démonstrations de force face à des gens inoffensifs et l'inaction ou l'incapacité à déployer autant d'hommes sûrs d'eux, de leurs forces, de leurs armes, de leurs HK G36... et de leur légitimité pour aller éradiquer la criminalité.
Ils sont fantômes là où ils devraient agir et bien visibles là ou il n'y a aucun danger. Cela doit nous interroger sur l'immense travail qu'il faut accomplir, tous ensemble, citoyens, politiques et forces de l'ordre pour pacifier les choses et résoudre les maux sans les confondre, avec mesure et responsabilité.

